Kevin Lambert

mer. 18.09.2019
20:00 - 21:30
Kevin Lambert © Valerie Lebrun 2

Catégorie

interview, présentation, lecture

Prix

prévente € 8 / 6 ; en caisse € 9 / 7

Langue

en français

En deux romans, Kevin Lambert s’est imposé sur la scène littéraire, devenant en quelque sorte le Edouard Louis québécois. Avec Querelle, roman détonant, riche et ambitieux, il donne le coup d’envoi d’une rentrée littéraire aux accents politiques et érotiques.

Une fiction syndicale

Une grève éclate dans une scierie au bord du lac Saint Jean, au Québec, et le patron a sa propre conception de la négociation : servir aux grévistes du café à l’eau de Javel, dans le matin glacé. L’atmosphère s’envenime et deux personnages dominent l’intrigue, entre leaders syndicaux désabusés et ouvriers aux aspirations parfois ambigües : Jézabel, rebelle et libre comme sa mère, et son ami Querelle, jeune homme qui use et abuse de sa beauté puissante pour attirer tous les hommes de la région dans son lit.

Querelle, un héros queer et politique

L’homosexualité de Querelle a une dimension politique et poétique que Lambert revendique : ignorant la norme sociale, il fait trembler le patriarcat sur ses bases et bouleverse le milieu très hétéronormé dans lequel il évolue. Lorsque la colère et la violence montent d’un cran, Querelle, l’insoumis, prend tous les risques, et Lambert livre au passage une lecture explosive des ravages économiques et écologiques de l’ultralibéralisme.

La langue très crue, inventive, énergique, maniant l’oralité avec maîtrise, et la cinégénie de ces scènes fortes contribuent à faire de Querelle un livre qui marque profondément.

Du « marcottage » en littérature

A la lecture de Querelle, les références littéraires et filmiques s’imposent : au premier rang desquelles, Genet, naturellement, Despentes et Rimbaud mais aussi Fassbinder, Guiraudie ou même Tarantino, lors d’une scène de bagarre d’anthologie. Kevin Lambert assume pleinement ces emprunts : « Je m’intéresse à d’autres modes génératifs [que la filiation] comme le marcottage, qu’on pratique avec les plantes. On arrache une tige, on la plante dans la terre et ça pousse. C’est ce que j’ai fait avec Querelle. Je l’ai coupé chez Genet et je l’ai planté dans mon roman. Ça a créé un autre personnage avec une autre histoire. »

Une voix qui compte sur la scène littéraire québécoise

Kevin Lambert est né en 1992 à Chicoutimi, au Canada. Il poursuit à l’Université de Montréal un doctorat en création littéraire sous la direction de Catherine Mavrikakis. Très impliqué dans la scène littéraire canadienne, il a été libraire et a participé à des revues littéraires. Ses deux romans Tu aimeras ce que tu as tué et Querelle de Roberval ont paru aux éditions Héliotrope. Le deuxième vient de paraître sous le titre Querelle, au Nouvel Attila.

Entretien par Anne-Lise Remacle (Focus Vif, Karoo)

photo © Valérie Lebrun

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