Littérature et écologie

lun. 20.05.2019
20:00 - 21:30
20190520 Littératureécologie Pagano

Catégorie

débat

Prix

Prévente : €9/7 | à la caisse : €10/8

Langue

en français

Une soirée de réflexion sur la place de la littérature face à l’urgence climatique, en compagnie des autrices Emmanuelle Pagano et Véronique Bergen. La rencontre sera modérée par le journaliste François Brabant (Imagine/Demain le monde, Wilfried).

Douze ans

Douze ans, moins d’une génération, même pas le temps d’un battement de cils à l’échelle de l’histoire de l’univers. C’est le temps qu’il reste à l’humanité pour inverser la situation climatique et environnementale actuelle. La mettre sens dessus dessous. Pas en surface, mais en profondeur, radicalement.

« Comme les plus vulnérables d’entre nous, ceux dont les masques anti-pollution ne sauvent pas les poumons, genre canaris dans la mine qui meurent avant tout le monde, Kafka se battait contre une maladie qui l’asphyxiait peu à peu. Il se battait par l’écriture persuadé que ses pages disparaitraient le jour de sa mort précoce. Aujourd’hui, ceux qui, comme moi, survivent par l’écriture se disent eux aussi : à quoi bon ? », écrit Caroline Lamarche dans le dernier numéro du magazine Wilfried, où elle signe un entretien avec Youna Marette, cette jeune francophone d’origine sénégalaise à l’origine du mouvement Génération Climat avec six autres étudiants de sa génération.

À Passa Porta, nous voulons réfléchir ensemble à cette question (im)pertinente qu’on ne peut éluder : dans ce contexte d’urgence climatique, à quoi bon la littérature, la lecture, la fiction ?

La littérature au temps de la Génération Climat

Il y a quelques mois, sept étudiants francophones, Harold Fitch Boribon, Piero Amand, Youna Marette, Théo Raevens, Zoé Dubois, Léa Dechambre et Arthur Lambert, ont rédigé le Manifeste de la Génération Climat. Un texte bref mais dense, porteur d’un appel à un changement de paradigme radical qui ne souffre aucun atermoiement.

Ce programme idéologique fort nous ramène à une cassure concrète, palpable, indéniable avec les valeurs des générations précédentes. Par-delà le greenwashing, que peut encore la fiction face au désastre réel que la nature endure à tous les étages ? Quel pouvoir reste-t-il aux écrivains face à l’urgence ?

Le temps de l’écriture, le silence de la création et la fécondité de l’imagination sont-ils encore compatibles avec ce début de XXIe siècle qui rime avec accélération, inconscience et destruction ? Les livres sont-ils encore des lieux de résistance privilégiés, de maturation d’une réflexion en profondeur, capables de faire concrètement bouger les lignes ? Telles seront les interrogations au cœur de ce débat inédit.

Un échange entre deux autrices conscientisées

Véronique Bergen est romancière, poète et philosophe et membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Ses livres donnent voix aux oubliés, aux muselés, notamment Marilyn, naissance année zéro, finaliste du Prix Rossel.

Dans son nouveau roman, Guérilla (Onlit, 2019), les guerres provoquées par la débâcle écologique ont dévasté la Terre. Des personnages se relèvent pourtant : un écoguerrier, une femme-chamane ou encore un enfant muet. Entre vagues d’insurrection, effondrement mondialisé et nouvelles alliances avec la nature, Guérilla, écothriller d’un genre nouveau, se déploie au milieu des explosions de grenades pour entonner un vibrant appel en faveur de notre planète.

L’autrice française Emmanuelle Pagano a été lauréate en 2018 du Prix du roman d’écologie pour Saufs Riverains, le deuxième tome de sa « Trilogie des rives » interrogeant la relation de l’eau et de l’homme, la violence des flux et celle des rives qui les contraignent. Le troisième volet, Serez-vous des nôtres ?, est paru en 2018 chez P.O.L.

Tout l’art d’Emmanuelle Pagano réside dans cette écriture opaque, suffocante, au bord de la noyade, comme un long cri de détresse asphyxié, qui soudain se réfugie dans des poches d’oxygène, s’en repaît, avant de repartir dans les abysses oppressants. En fusion avec l’élément marécageux, le roman s’en remet entièrement à la force de l’eau, souveraine malgré les dangers écologiques qui la guettent.
Marine Landrot, Télérama

Bientôt à