Lisez vous lebelge

C’est devenu une tradition : chaque année au mois de novembre, l’opération « Lisez-vous le belge ? » met en lumière la littérature belge francophone.

Partenaires de cette opération, Passa Porta propose d’interroger la destinée de la littérature belge hors de ses frontières. « Lisez-vous le belge ? Et quel est votre livre belge préféré ? » : nous avons posé la question à des traducteurices littéraires qui sont la voix de livres belges à l’étranger.

Voici leurs -parfois étonnantes- réponses. Venues du Bélarus, du Brésil, d’Italie et d’Australie.

« Escal-Vigor » de Georges Eekhoud, choix d’Uladzislau Ivanou, traducteur du français vers le bélarussien :

« Ce roman est pour moi la carte de visite de la littérature belge. C’est en outre l’une des plus belles histoires d’amour de la littérature francophone, et peut-être de la littérature tout court. L'histoire d'amour, qui relie un roturier et un aristocrate dans un pays semi-utopique ressemblant en tous points à la Belgique, séduit non seulement par une description audacieuse et positive de l'homosexualité, mais aussi par le message anarchiste de l'écrivain. Derrière le lien subtil et affectif entre deux jeunes hommes se cache discrètement une troisième personne... et tout cela sur fond d'une société hostile et homophobe qui prépare sa riposte lors de la kermesse. Durant mes années d'étudiant, ce roman utopique écrit à la fois de manière naturaliste et décadente m'a fait tomber amoureux de la Belgique et m'a émancipé en tant que personne et traducteur. Après avoir lu la dernière page du roman, j'ai compris que je devais le traduire en bélarussien. C'est comme ça que je suis devenu traducteur. »

« Décidément je t’assassine » de Corinne Hoex, choix de Kelley Duarte, traductrice du français vers le portugais (Brésil) :

« Je viens de traduire Décidément je t’assassine de Corinne Hoex pour le portugais du Brésil. Ce roman représente mon coup de coeur en littérature belge, aussi parce que je me suis beaucoup donnée dans le processus de traduction. En tant que lectrice, c’est un roman qui m’a beaucoup touchée, car il lance un regard sensible et poétique autour de fragilités parfois invisibles: les derniers instants de vie pour une réparation, un pardon ou un mot d’amour; la maîtrise du deuil et le choix difficile de garder les objets-mémoires hérités ou de s’en débarrasser. On dirait que ce roman est chez Corinne Hoex le dernier d’une trilogie du "roman familial" ou encore, comme je préfère la surnommer, la trilogie « de la désaffection et de la dénonciation familiale ». Il s’achève avec la mort de la matriarche, une femme "battante", mais une mère indifférente. Ce roman est selon moi un contemporain incontournable. »

13.11.2024