Thomas Gunzig: “Toute lecture digne de ce nom doit vous arracher à vous-même”

Adrienne Nizet
29.08.2018
Gunzig Thomas

Avant de retrouver Thomas Gunzig au 140 pour une soirée autour de la lecture, (ré)écoutez son intervention aux Midis de la Poésie, le 6 février dernier.

Thomas Gunzig est une personnalité atypique. En Belgique francophone, tout le monde le connaît, mais pas forcément pour les mêmes raisons. Il y a ceux qui l’écoutent, depuis des années, livrer ses « Cafés serrés » sur La Première. Ceux qui l’ont découvert par ses collaborations avec Jaco van Dormael — l’inoubliable Kiss & Cry au théâtre ou le Tout Nouveau Testament au cinéma. Certains encore le connaissent pour ses pièces de théâtre, régulièrement jouées un peu partout, ou ses photos de Bruxelles au petit matin. Voire même pour ses facultés sportives, Thomas Gunzig ayant longtemps pratiqué le karaté avant de se mettre à la boxe récemment.

De notre côté, nous l’invitons et le connaissons en tant qu’écrivain. Révélé par Mort d’un parfait bilingue, Prix Rossel 2001, il écrit depuis une œuvre plus politique qu’il n’y parait. Le Manuel de survie à l’usage des incapables, couronné par le Prix triennal du roman de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a achevé de nous en convaincre.

Le 6 février 2018, Les Midis de la Poésie l’ont invité à parler de ses influences au cours d’une conférence intitulée Souvenir, mémoire et rêve, matières premières de la fiction. Sa complice, la comédienne Isabelle Wéry, l’accompagnait à la lecture. La lecture dont il dit d’ailleurs ceci, citant comme il aime le faire Robert-Louis Stevenson : « Toute lecture digne de ce nom doit vous arracher à vous-même ».

Avant de le retrouver sur scène sur ce sujet, le 25 septembre au 140, nous vous invitons à (ré)écouter cette conférence ici :

Thomas Gunzig a répondu à notre questionnaire-type sur le lecteur. Voici ses réponses :

1. Quel pourrait être le profil du lecteur ou de la lectrice idéal(e) de vos livres ?

Je ne sais pas du tout… Je n’ai jamais réfléchi à ça… Je crois que tous les lecteurs sont des "lecteurs idéaux".

2. Avez-vous un lecteur ou une lectrice préféré(e) qui existe réellement ? Pourriez-vous le/la décrire ?

Non… J’ai des amis et des amies dont les avis sont importants pour moi, mais je n’ai pas de lecteur ou de lectrice préférés.

3. Que lisez-vous quand vous êtes en train d’écrire ?

J’essaye de lire des livres dont le style ou l’univers vont venir nourrir le style et l’univers du livre que j’écris. Il s’agit souvent de romans classiques. J’évite les romans « moyens » qui auraient tendance à me tirer vers le bas.

4. Vous considérez-vous comme un(e) bon(ne) lecteur/lectrice de vos propres textes ? Pourquoi (pas) ?

Non… Une fois le travail terminé je ne me relis pas. Je connais l’histoire, ça m’ennuie.

5. Vos livres s’adressent-ils à un groupe de lecteurs spécifiques, par exemple des lecteurs avec une certaine connaissance préalable ou une certaine expérience littéraire, ou s’adressent-ils vraiment à tout le monde ?

J’espère de tout coeur qu’ils s’adressent à tous le monde.

6. Qu’est-ce qu’un « bon lecteur » et quel est son rôle d'après vous ? De quelle manière le dialogue avec le lecteur peut-il encore être intéressant pour vous-même en tant qu’écrivain, une fois que le texte est publié ?

Un bon lecteur c’est peut être un lecteur qui vient à votre livre sans à priori, juste avec de la curiosité et l’envie de vivre une expérience. A part ça, je ne suis pas amateur de long dialogue autour de ce qui a été fait. Un livre écrit est écrit, en tant qu’auteur, à ce moment, je suis déjà plongé dans un autre travail.

Adrienne Nizet
29.08.2018