Joyeux anniversaire, les Midis de la Poésie !

Sept décennies de passion partagée

Le 11 janvier 1949, à l’initiative de la Belge Sara Huysmans, fille du ministre Camille Huysmans, les portes du Théâtre Résidence s’ouvrent à l’heure du déjeuner pour une manifestation poétique d’un genre nouveau, calquée sur un concept importé de Londres, les « Concerts de Midi ».

C’est ainsi que depuis 70 ans, d’octobre à mai, « Les Midis », comme les surnomment les habitués, proposent sur le temps de midi en semaine (généralement le mardi) 50 minutes de conférences littéraires et de lectures dans différents lieux culturels de Bruxelles, parmi lesquels les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, le Théâtre National, le Théâtre des Martyrs, La Bellone – Maison du Spectacle ou encore la Villa Empain.

Nomades dans l’espace bruxellois comme dans le temps, les Midis de la Poésie se déclinent parfois volontiers le mercredi ou le samedi après-midi pour des « Goûters de la Poésie » alliant la poésie à la pratique, et en mêlant des formes artistiques très variées (arts plastiques, arts vivants, art radiophonique, danse, etc.), de 18h à 20h sous la forme d’« Apéros de la Poésie » ou encore de « Soirées spéciales » afin de toucher le plus grand nombre possible d’amateur.e.s de poésie en compagnie d’artistes tels que Felwine Sarr, Hillie Mc Nish et la scène slam féminine, Alain Badiou, etc.

Un public (re)conquis année après année, toujours plus fidèle à ces rendez-vous insolites. En se voulant nomades et en investissant divers lieux emblématiques ou alternatifs bruxellois, les Midis entendent diffuser la poésie partout, dans chaque sphère, pour sortir des lieux cantonnés à une certaine catégorie sociale ou à un certain public. Les Midis sont aussi dans les écoles, avec les associations et prennent soin de créer et d’inventer une nouvelle médiation poétique avec des ateliers pensés sur mesure.

Un esprit qui n’a pas pris une ride

Les Midis de la Poésie abordent sous un angle original des thématiques qui traversent notre époque et la littérature. Leur devise : « Penser et dire à voix haute la poésie d’hier, d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs. »

Depuis plusieurs années, c’est Mélanie Godin qui porte avec succès ce projet sur ses épaules, qui n’ont de frêle que l’apparence. Avec ses collègues Aliette Griz, Victoire de Changy, Maud Marique et Elisabeth Woronoff, elle perpétue la tradition de mise à l’honneur en plein cœur de Bruxelles d’une poésie qui peut surgir aussi bien de la littérature que du quotidien, et de la forme que du contenu.

Outre sa fonction de directrice aux Midis de la Poésie, Mélanie Godin est également éditrice à l’Arbre de Diane, archiviste de beaux textes en voix pour Sonalitté, radioteuse et « arroseuse de poèmes » pour le projet Peauésie*.

Quel est le secret de longévité des Midis de la Poésie ?

Sans doute réside-t-il dans cette complicité savamment orchestrée entre mise en voix et mise en contexte. Car, aux Midis, un.e auteur.rice ne vient pas parler de son œuvre mais plutôt de ce qui, dans le travail d’autrui, nourrit le sien. Pour compléter l’immersion, un.e comédien.ne lit des extraits des auteurs abordés.

Loin des séances hermétiques et rébarbatives réservées à quelques happy few des vers, les Midis proposent des thématiques variées et s’adressent à tous les curieux, initiés comme non initiés, jeunes comme moins jeunes. Certaines séances prennent la forme de lectures accompagnées de musique, où des comédien.n.e.s font résonner les textes avec une légère mise en scène.

Les Midis de la Poésie, ce sont aussi quatre publications par an, des projets pédagogiques avec les plus jeunes, des séances hors les murs (apéros, goûters) et un fond de poésie à La Bellone - Maison du spectacle.

Visionnez les sept portraits vidéos de poétesses belges réalisés par Alice Khol pour les 70 ans des Midis de la poésie.

Pour en savoir plus sur le programme de la 71^e saison (de janvier à mai) : https://www.midisdelapoesie.be/

* Le projet « p.EAU.ésie » se présente sous forme de courts poèmes, en plusieurs langues et graphiques, pochés sur les murs de l’espace public. Ils ne sont visibles qu’au contact de l’eau, grâce à l’utilisation de sprays hydrofuges et biodégradables. Les poèmes ont été placés dans le centre-ville de Bruxelles, à Boitsfort et à Molenbeek. Découvrez la carte interactive de « Bruxelles peauésie »