Fatou Diome

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Ecrivain de l’identité, de l’immigration mais aussi de la solitude et de la liberté, Fatou Diome conte la tragédie du Joola, ce ferry qui sombra entre Zigunchor et Dakar, en 2002, entraînant la mort de deux mille personnes.
L’identité, toujours plurielle et stratifiée
En mars dernier au Passa Porta Festival, Fatou Diome s’entretenait avec François Gemenne sur la notion de frontière. Née au Sénégal et arrivée en France au début des années 1990, Fatou Diome est partout chez elle, de l’île de Niodior où elle est née à Strasbourg où elle vit.
Son premier roman, Le ventre de l’Atlantique, qui a fait l’objet de nombreuses traductions, s’incrit d’emblée dans la veine pour partie autobiographique qui traverse toute son œuvre. Les thèmes de prédilection en sont déjà la solitude, l’immigration, l’attrait de l’ailleurs et l’identité toujours plurielle et stratifiée. Elle écrit aussi sur le retour des immigrés dans leur pays d’origine et sur le sentiment de flottement qui en résulte. « Revenir équivaut pour moi à partir. Je vais chez moi comme on va à l’étranger car je suis devenue l’autre pour ceux que je continue à appeler les miens », dit-elle.
Faire taire les sectaires par la force d’un discours humaniste
Publiant pour la première fois en 2001 un essai intitulé La préférence nationale, elle revient à la non-fiction en 2017, en s’adressant aux identitaires dans Marianne porte plainte. En pleine campagne présidentielle française, son propos fait grand bruit et lui donne l’occasion de prendre à nouveau part au débat d’idées. Immigration, terribles naufrages de réfugiés dans la Méditerranée, égalité homme-femme, sur tous ces sujets la voix de Fatou Diome sonne haut et clair, rappelant la force et l’actualité du discours humaniste qui est le sien.
Aux racistes, aux sectaires, elle sait qu’elle fait peur puisqu’elle leur rappelle qu’ils sont ses frères humains. Liberté, égalité, fraternité : si elle a contribué à rappeler le sens de ces valeurs fondamentales inscrites aux frontons des édifices officiels de son pays, elle leur en a adjoint une quatrième. En effet, Diome, en wolof, signifie dignité, celle dont elle rappelle sans cesse, au travers de son œuvre, qu’elle ne devrait jamais être enlevée à un être humain.
Une femme libre qui se réapproprie les traditions
Les veilleurs de Sangomar, le sixième roman de Fatou Diome, s’ouvre avec la tragédie du Joola, ce ferry qui sombra entre Zigunchor et Dakar, en 2002, entraînant la mort de deux mille personnes, alors qu’il ne pouvait en supporter que cinq cents. La jeune Coumba y perd son mari, Bouba. Inconsolable, elle va entrer en contact avec lui et avec ses compagnons d’infortune, les veilleurs, lors de rêveries nocturnes rendues possibles par les djinns qui hantent Sangomar, selon la tradition animiste sérère.
Alors que sa famille et les islamistes, en plein essor dans la région, entendent lui dicter sa façon de vivre son deuil, Coumba se libère en prenant la plume, va à la rencontre de ces morts aimés et choisit de garder le contrôle de son existence. Si, dans ce texte, elle n’épargne pas certains dysfonctionnements qui minent son pays, Fatou Diome le célèbre également au travers de très beaux passages élégiaques.
Entretien mené par Soraya Amrani.
Photo © Sandrine Roudeix
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