Conversation entre Felwine Sarr et Marielle Macé

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Comment donner, comment prendre refuge ? Cruciale, urgente, métaphorique ou par trop réelle, la question du refuge est aussi un enjeu pour la littérature. Guides engagés et sensibles qui pensent inlassablement à ce qu'habiter le monde veut dire, l’économiste et romancier sénégalais Felwine Sarr et l’écrivaine française Marielle Macé nous livrent leurs visions du REFUGE, thème phare de ce 9e Passa Porta Festival. Où politique et poétique osent le dialogue.
Musicien et guitariste, agrégé d’économie, essayiste, poète et romancier, fondateur avec Achille M’Bembé des Ateliers de la pensée, Felwine Sarr s’emploie à « plonger sa plume au plus profond de soi », cherchant à toucher à l’essentiel de l’expérience humaine. Dans la lignée de son essai Afrotopia, hommage à l’Afrique nouvelle et célébration optimiste de la pensée universelle, il signait en 2017 déjà Habiter le monde. Un essai dans lequel, face au constat d’une triple crise, à la fois écologique, économique et politique, il invitait à l’action, proposant de nouvelles façons d’habiter le monde, dans le respect des autres et de l’environnement. Un essai de politique relationnelle dont il mettait la pensée en pratique dans le recueil de théâtre et de poésie Ishidenshin, de mon âme à ton âme (éds. Mémoire d’encrier) un an plus tard. Car la rigueur intellectuelle appelle sans cesse le sensible chez cet être au carrefour des formes, des genres et des savoirs. La même année, Sarr se mettait «ncore du côté des migrants dans Osons la Fraternité, coordonné par Michel Le Bris et Patrick Chamoiseau en soutien au GISTI (Groupe d’Information et de Soutien aux Immigrés). Le conteur en lui a récemment publié Les lieux qu’habitent mes rêves (éds. Gallimard), roman initiatique et méditatif qui s’inscrit dans le processus de décolonisation des représentations et des savoirs qu’il s’applique à toutes ses créations.
Penser des cabanes
Dans Sidérer, considérer (éds. Verdier), la professeure de littérature Marielle Macé s’interrogeait en 2017 : que faire du mélange de colère et de mélancolie que suscite en nous le traitement réservé aux migrants, cette humanité précarisée, avec tout ce qu’il peut avoir de paralysant, de sidérant ? S’appuyant sur diverses expériences et sur une analyse nourrie de ses lectures, elle tentait alors d’opérer un retournement, opposant à la sidération la considération et nous invitant à risquer d’autres formes d’écriture politique de l’hospitalité. Dans Nos Cabanes, deux ans plus tard, Macé suggérait l’urgence de penser des cabanes pour braver ce monde, l’habiter autrement : l’élargir. Proposant d’explorer la possibilité de cabanes, les traversant, en inventant à son tour : cabanes élevées sur les ZAD, les places, les rives, cabanes de pratiques, de pensées, de poèmes. Cabanes bâties dans l’écoute renouvelée de la nature, dans l’imagination d’autres façons de dire nous. Ce faisant, Marielle Macé réaffirmait la position -rare en sciences sociales- qu’elle souhaite occuper : quelque part entre l’anthropologie et la poésie.
à propos des auteurs
Né en 1972 à Niodior au Sénégal, Felwine Sarr a été enseignant-chercheur à l’Université d’Orléans avant de diriger la faculté d’économie et de gestion de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il est désormais professeur de philosophie africaine à Duke University, aux Etats-Unis. Désireux de faire bouger les lignes au Sénégal, il est également le co-fondateur, avec Boubacar Boris Diop, de la première maison d’édition de Saint-Louis : Jimsaan. Il est l’auteur de plusieurs essais (Afrotopia), d’œuvres de théâtre (Traces - Discours aux Nations africaines) et de récits (Dahij, La Saveur des derniers mètres, Les lieux qu’habitent mes rêves). En 2018, Felwine Sarr est chargé par Emmanuel Macron, avec Bénédicte Savoy, du rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain.
Marielle Macé est née en 1973, elle est directrice de recherche au CNRS et enseignant en littérature à l’EHESS. Elle est l’autrice de Le Temps de l’essai. Histoire d’un genre en France au xx e siècle (éds. Belin), Façons de lire, manières d’être (éds. Gallimard), Styles. Critique de nos formes de vie (éds. Gallimard), Sidérer, considérer, Migrants en France (éds.Verdier), Nos cabanes (éds. Verdier), Parole et pollution (éds. AOC) et récemment de Une pluie d’oiseaux (éds. José Corti), assemblage d'innombrables écrits et poèmes sur les oiseaux. Ses livres prennent la littérature pour alliée dans la compréhension de la vie commune. Ils font des manières d’être et des façons de faire l’arène même de nos disputes et de nos engagements.
à propos du modérateur
Économiste et romaniste, Edgar Szoc mène une carrière d'enseignant, journaliste, chercheur et humoriste. Il est l'auteur d'un essai (Inspirez, conspirez! Le complotisme au XXIe siècle) et d'une pièce de théâtre (Belgium Best Country). Depuis 2022, il est le nouveau président de la Ligue des droits humains.
Org. Passa Porta
Photo : Felwine Sarr © Enfants du nouveau monde
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