courage (5) simon johannin

En ces temps troubles, nous avons demandé à des autrices et auteurs que nous admirons ce que la notion de courage leur inspirait. Souvenir, micro-histoire, anecdote ou réflexion plus métaphysique : ils sont nombreux à nous avoir répondu. Un feuilleton à suivre dans les prochaines semaines.
Le courage est une forme d’innocence.
Il y a la foi, et il y a le courage. La bravoure et l’imprudence.
Je n’ai jamais été quelqu’un de très courageux. Lorsque je suis l’objet d’un danger, mon corps tremble, chacun de mes muscles se creusent pour abriter la peur.
Je suis en réalité, je crois, incapable de me défendre. Je regarde sans bouger les phares quand les voitures arrivent.
Je coule entre les vagues, je regarde les rayons du soleil transpercer la surface.
J’attends, allongé au fond de l’eau, d’y découvrir d’autres planètes.
Je me saisis d’une chose, c’est que le courage ne s’étale pas toujours où on l’attend.
Sentir les nœuds de son ventre se tordre comme des chiffons qu’on essore en parlant de soi à sa mère est courageux.
La misère est courageuse, bien plus que les armes. Les enfants sont courageux de grandir dans un monde qui ne les attends pas. Les chiens sont courageux de nous aimer encore.
Est courageuse cette fille qui, dans ces rues vidées de leur vie, avance toujours coûte que coûte vers la sienne.
Le courage de pleurer à la mort des amis, celui d’ouvrir ses failles abritant les colères, d’y semer d’autres graines.
Celui qui, petits bouts de nos courages assemblés, sonne et fait dire non. Celui qui avance silencieusement vers une douleur qu’il sait inévitable.
Ainsi plus la peur domine, plus le sens du courage apparaît. Ce que l’on craint nous rendra beau si l’on se lève. Nos frayeurs nous rendent vivant quand il n’y a plus d’autre choix que de les combattre.
Pour gagner en courage il faudrait gagner en peur, car celui qui ne connaît pas la peur est fou. Si ignorer le danger c’est lui offrir son flanc, alors dans ma peur, droite et immobile, je ne le sais pas, mais je fais déjà face. Courage.
Né en 1993 en France dans le Tarn, Simon Johannin a créé l’événement en 2017 avec son premier roman L’Été des charognes (Allia). Derniers titres parus, en roman et en poésie : Nino dans la nuit, Nous sommes maintenant nos êtres chers.