Lisez-vous le belge… à l’étranger ? - Carlos Rodriguez

09.11.2023
Portrait Carlos

C’est devenu une tradition : chaque année au mois de novembre, l’opération « Lisez-vous le belge ? » met en lumière les livres belges francophones à travers celleux qui les font et celleux qui les lisent.

Partenaires de cette grande opération, Passa Porta propose cette année d’interroger la destinée de la littérature belge à l’étranger. S’exporte-t-elle bien ? Quelle réputation pour quel succès ? Et surtout : quel.el.s auteur.ices belges ont la cote en traduction en ce moment ?

Nous avons posé la question à des traducteurices professionnel.le.s qui sont la voix de livres belges à l’étranger. Trois traductrices et un traducteur résident.e.s récent.e.s de « Seneffe en août », notre résidence annuelle estivale d’écriture et de traduction. Un cadre inspirant et une retraite dans laquelle des traductrices et traducteurs des quatre coins du monde peuvent venir écrire. Pourvu qu’iels travaillent sur un titre d’un.e auteurice belge francophone. Nous avons demandé à quatre d’entre elleux de nous parler du livre belge qu’iels choisiraient entre tous.

Lisez-vous le belge à l’étranger ? Voici leurs réponses. Venues de Mexico, Varsovie, Rio et Madrid.

Le choix de Carlos Rodriguez : Une famille à Bruxelles (éds. Arche, 1998)

« Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » On peut parler de familles russes, comme chez Tolstoï, de familles mexicaines comme celles imaginées par Juan Rulfo (« Je suis venu à Comala parce que j'ai appris que mon père, un certain Pedro Paramo, y vivait… » ) et bien sûr de familles belges, par exemple dans Une famille à Bruxelles de Chantal Akerman. Fait curieux: j'ai découvert le deuxième livre de l'autrice belge dans sa propre ville. Pendant la lecture de la mémoire, des banalités et des rires du quotidien de la famille d'Akerman, j'ai donc connu la grisaille bruxelloise, la drache et l'humidité, c'est à dire la magie de la belgitude aux yeux de l'étranger. Je venais de lire Hall de nuit (1992), la pièce de théâtre de la réalisatrice que j’ai traduite vers l’espagnol, mais ça n’a pas empêché ma fascination pour le style akermanien et la forme de Une famille à Bruxelles. Sans prévenir, elle y change de voix et de temps, un jeu linguistique de génie. Dans ces pages apparaît la figure du père de Chantal Akerman, qui est outre sa mère (sujet principal de Ma mère rit, en 2013) l’autre fantôme de son oeuvre. C’est un livre important pour comprendre -ou en tout cas s’approcher de- son corpus littéraire et cinématographique.”

Carlos Rodríguez
Mexico, octobre 2023.

CarlosRodriguez (Mexique) était cette année en résidence à ‘Seneffe en août’ pour écrire sa traduction de Hall de nuit de Chantal Akerman (L’Arche).

09.11.2023