portraits en lecteurs (lll) - Kool Koor : au commencement était le « writer »

20.11.2018
20181120 Bbc Kool Koor© P Schyns Sofam

Charles « Kool Koor » Hargrove, Chuck pour les intimes, est tombé dans le street art à l’âge de 13 ans. Un monde alors en devenir où mots et couleurs s’écrivaient sur les murs de son South Bronx natal, puis au-delà, dans les rames du métro. Comme sur autant de pages blanches. Kool Koor expose désormais ses œuvres organiques et incandescentes dans les plus belles galeries et les plus grands musées.

Précoce, Charles Hargrove était déjà fou de dessin avant de découvrir, en 1976, qu’il pouvait aussi s’exprimer sur les murs. Premier déclic, une voisine inscrivant son prénom sur une palissade du quartier. C’était donc possible ! Déchiffrer tout ce qu’il voyait dans l’espace urbain est alors devenu une obsession. Et bien sûr y marquer son passage, toujours plus loin dans New York, avec ses tags et ensuite ses fresques, de plus en plus virtuoses. De cette période souterraine, Kool Koor a gardé l’amour du message et de sa viralité, ancré dans l’ADN du street art. Il crée vite son propre langage, enrichissant sa vision d’artiste par sa culture de pur produit des 60’s - villes futuristes, robots, vaisseaux spatiaux et peintures métallisées se mêlant et s’entremêlant sans une cosmographie tendant au fil du temps vers plus d’abstraction et de subtiles émotions esthétiques.

A 16 ans, benjamin de la bande, Kool Koor, connaît sa première exposition de graffeurs, à New York. Quelques années plus tard, il découvre Bruxelles à la faveur de la première expo belge de graffiti, dont il partage l’affiche avec Basquiat, Keith Haring et Futura 2000. Depuis la fin des 80’s, c’est à Bruxelles que Koor écrit son histoire, entre murs, peinture et musique.

Passionné par les signes, les calligraphies, les enluminures, l’origine et la forme des lettres ou encore l’écriture spontanée, Kool Koor nous invite à toucher de près son univers à multiples lectures. Avec style.

- Un endroit pour lire dans Bruxelles ?

J’aime lire ici, à la maison, parce c’est ici que je travaille. Profiter du soleil qui illumine l’atelier tout au long de la journée. Comme aujourd’hui, regarde. Pourtant, il est rare que je lise pendant la journée, car je suis très occupé. Ce sera plutôt entre deux activités, dans des moments de calme, en fin d’après-midi par exemple, avant de dormir, ou durant les vacances.

Dehors, j’apprécie vraiment le Comptoir Florian, dans le quartier Matonge. C’est un salon de thés et de cafés, un endroit charmant et tout petit, avec seulement quelques tables. Ce n’est donc jamais bondé, vu que même quand c’est rempli, il n’y a forcément pas beaucoup de gens.

- Un endroit favori pour acheter un livre à Bruxelles ?

J’achète pas mal de livres chez Waterstone’s. C’est un magasin anglais qui vend des livres... en anglais. Quand tu ne trouves pas ce que tu recherches, tu peux aussi te faire livrer de Londres par la maison-mère. Souvent, je découvre aussi plein de choses intéressantes dans les aéroports. Et puis j’ai beaucoup de bouquins qui m’ont été offerts par des amis. Comme ce livre* reçu d’un ami new-yorkais, une compilation de photos de rue prises à New York depuis le début des 80’s.

- Un endroit pour vivre la littérature à Bruxelles ?

Pas réellement un endroit mais plutôt une façon de faire, que j’ai apprise d’un ami. Quand j’ai lu un livre qui m’a plu, je le donne à une connaissance, qui va le lire puis le faire passer à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite. Parfois, certains livres me reviennent après un certain temps. J’adore partager mes expériences et cette idée que le livre ait une vie. Bien sûr, il y a des bouquins qui restent ici dans ma bibliothèque, mais je ne suis pas spécialement attaché aux objets, comme certains sont attachés à des bijoux cachés dans une caverne.

suivez Kool Koor :

* Brian Nobili and Ricky Powell, NYC Street Photography: It's the Joint

photo © pascal schyns
Avec le soutien de la Promotion de Bruxelles au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
20.11.2018