Régis Jauffret & Ali Zamir
L’écrivain français et l’écrivain comorien échangent leur regard sur des mots et expressions évocateurs choisis dans leurs œuvres respectives, qui ont en commun la banalité de vies ordinaires, à la fois fascinantes et cruelles.
Des formes pas banales pour des histoires ordinaires
Dans les deux volumes de ses Microfictions (2007 et 2018), Régis Jauffret rassemble au total mille histoires tragi-comiques comme autant de fragments de vie compilés par ordre alphabétique, d’« Albert Londres » à « Zoo » et d’« Aglaé » à « Zéro baise ».
D’Ali à Régis et de Jauffret à Zamir, c’est un alphabet de leurs œuvres respectives qui sert de fil conducteur à cette rencontre entre deux œuvres aux formes opposées, mais résonnant comme de longs cris, ceux d’une humanité minée par la folie, le désespoir, et qui pourtant se bat sans baisser les bras.
Ali Zamir
Né en 1987 aux Comores, Ali Zamir vit actuellement en France. Il est l’auteur au Tripode de Anguille sous roche (2016 ; récompensé notamment de la mention spéciale du prix Wepler et du prix Senghor) et de Mon Étincelle (2017). Dérangé que je suis (2018) est son troisième roman.
Avec Dérangé que je suis, Ali Zamir confirme la place très originale qu’il occupe dans la littérature francophone, son don pour les récits incongrus et l’usage de mots rares. La vitalité de sa langue se met au service de l’histoire tragi-comique d’un pauvre docker. Le mélange survitaminé des genres (on passe en un clin d’œil du drame à la farce) et la puissance ininterrompue des scènes font de ce roman-film virevoltant un bonheur de lecture.
Dérangé que je suis, c’est tout à la fois la folie du Surmâle d’Alfred Jarry ou de Wacky Races, la tendresse du Voleur de bicyclette sur une île de l’océan Indien.
Régis Jauffret
Il est l'auteur de plusieurs romans parus chez Gallimard, dont Histoire d'amour, Clémence Picot, Univers, univers (prix Décembre 2003), Asiles de fous (prix Femina 2005), Microfictions en 2007 et Microfictions 2018 (Prix Goncourt de la nouvelle 2018).
Comme le précédent volume paru en 2007, Microfictions 2018 se présente sous la forme de cinq cents textes courts, cinq cents fragments de la vie des gens au sein desquels des milliers de personnages évoluent.
Le livre juxtapose le banal de vies ordinaires, touchantes, cruelles, monstrueuses : le drame d’un couple qui élève une enfant autiste, le quotidien d’un enseignant désabusé par ses élèves, les hallucinations d’une femme qui voit un ange se poser sur son épaule, un banquier qui a raté sa vie, le combat d’un vieil homme qui ne veut pas que son fils l’euthanasie…
Des histoires édifiantes et dérisoires, des situations banales qui dérapent en faits divers, des personnages ordinaires qui sont autant d’incarnations successives d’une humanité minée par la mégalomanie, le désespoir, et qui pourtant se bat. On traverse ce livre comme on traverse une foule.
Cette rencontre sera modérée par David Courier, journaliste à BX1.
Passa Porta, Beursschouwburg
Photo Ali Zamir © Le Tripode
Photo Régis Jauffret ©️ Francesca Mantovani
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