La Femme du lac : lecture photosensible
Sur un marché aux puces à Berlin, Sandra de Vivies tombe sur un ensemble de négatifs hantés par la silhouette d’une inconnue, une femme allemande ayant traversé le XXe siècle. C’est la naissance d’une obsession visuelle et sensible, ainsi que d’une enquête historique qui deviendra La Femme du lac, premier roman proposé ici en lecture illustrée inédite.
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Comment écrire sur un fantôme ? Qu’est-ce qu’être hanté·e par un personnage qui semble vous demander d’écrire sa vie ? Que raconte une image quand ses sujets sont partis il y a longtemps ? Fascinée par une boîte de négatifs dont elle a fait l’acquisition sur un marché à Berlin, une femme s’efforce d’en deviner les motifs. À travers les ombres et les contrastes, elle guette les signes qui lui permettent de les dater et y distingue la silhouette d’une autre femme, parfois coupée, souvent absente des photos. Soit la naissance d’une obsession. "J’observe son visage, son corps. Des jours, des semaines durant. J’oublie ce qu’était l’espace à quoi j’occupais mon temps avant elle. Ne m’intéresse plus que ce qui la comprend."
"J’observe son visage, son corps. Des jours, des semaines durant. J’oublie ce qu’était l’espace à quoi j’occupais mon temps avant elle. Ne m’intéresse plus que ce qui la comprend."
En miroir
Cette fouille des images emmène la narratrice sur une réflexion en miroir. Elle se prend à en imaginer la vie : une enfance passée sous le régime nazi, une vie formatée par cette idéologie de la "normalité" et de la performance. Pourquoi a-t-elle été attirée par cette femme et ces photos ? N’a-t-elle pas elle-même été considérée comme "différente", inapte à interagir avec les autres ? Au fil de cette double enquête historique et sensible, illustrée par les photos trouvées, Sandra de Vivies traque les trajectoires perçues comme non conventionnelles et interroge les possibilités de leur existence.
“J’observe encore le lac l’aigle la femme et le blanc couverts de mes empreintes à force de manipuler les négatifs. Je cherche des yeux des doigts d’autres fantômes dont l’existence me semble aussi peu discutable que celle des bras des avant-bras des mains de la femme bien qu’invisibles à l’image.”
À propos de l’autrice
Sandra de Vivies est autrice et vit à Bruxelles. Elle expérimente différents protocoles de mise au jour de récits par la photographie, à la croisée de la littérature, des sciences humaines, de l’image et parfois de la danse. En 2021 Vivaces était un premier recueil de "récits photosensibles". Paru en janvier 2025, La Femme du lac est son premier roman.
Organisation : Passa Porta
Photo © Sandra De Vivies
Soont at Passa Porta
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