Rencontre avec Didier Eribon
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A la disparition de sa mère, Didier Eribon décide de reprendre le travail d’exploration entrepris dans Retour à Reims après la mort de son père. Dans Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple (à paraître) il retrace le parcours de cette dernière et son déclin au fil des années. Pour le Passa Porta Festival, il sera au micro de la romancière Caroline Lamarche.
Après la mort de son père, Didier Eribon retournait à Reims, sa ville natale, et retrouvait un milieu d’origine avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Celui qui était entre-temps devenu philosophe et sociologue décidait alors, dans le bien nommé Retour à Reims, de remonter l’histoire de sa famille. Évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son ascension sociale, il mêlait à chaque étape de ce récit intime et bouleversant, devenu culte, les éléments d’une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, le vote, la démocratie… Réinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs.
Tout sur ma mère
Il y a quelques années, la mère de Didier Eribon est entrée en maison de retraite. Après plusieurs mois au cours desquels sa santé a décliné, où elle a peu à peu perdu son autonomie physique et cognitive, Didier Eribon et ses frères ont dû se résoudre à l’installer dans un établissement médicalisé. Quelques semaines seulement après son arrivée, elle y est morte, seule, de ce que les gériatres nomment parfois le « syndrome de glissement » : le choc de l’entrée en maison de retraite est trop brutal à supporter pour la personne qui petit à petit abandonne et se suicide inconsciemment.
Qu’est-ce que vieillir ? Qu’est-ce que mourir ? Analysant le déclin de sa mère, l’auteur de Réflexions sur la question gay est amené à réfléchir sur la vieillesse et la maladie, sur nos rapports à la mort et aux personnes âgées mais aussi sur l’expérience du vieillissement. Il reparcourt également la vie de sa mère, et notamment les périodes où elle était femme de ménage puis ouvrière puis retraitée, la saisissant dans toute sa complexité, de sa participation aux grèves à son racisme quasi-obsessionnel... Puissant et émouvant portrait, Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple est à paraître le 19 avril aux éditions Flammarion. Didier Eribon a accepté de venir en parler en avant-première au Passa Porta Festival. Il sera interrogé par la romancière Caroline Lamarche, elle-même autrice en 2022, avec La Fin des abeilles, d'un livre saisissant sur la mère. L’entretien sera entrecoupé de la lecture d’extraits de ce livre encore inédit par un comédien.
À propos de l’auteur
Didier Eribon (1953) est philosophe et sociologue, professeur à l'université d'Amiens. Il est l'auteur de nombreux livres, parmi lesquels Réflexions sur la question gay, Une morale du minoritaire, Retour à Reims, La Société comme verdict. Il est considéré à l'échelle internationale comme l'un des penseurs les plus importants d'aujourd'hui.
À propos de la modératrice
Née en 1955 à Liège, Caroline Lamarche écrit des nouvelles, des poèmes et des romans. Le Jour du chien a remporté le prix Rossel en 1996. Suivront notamment Lettres du pays froid, Carnets d'une soumise de province et Nous sommes à la lisière, prix Goncourt de la nouvelle 2019. En 2021 L’Asturienne (éds. Impressions nouvelles) marque un tournant documentaire dans son travail. Lamarche y déroule la saga d’une famille apparue à Liège au début de la révolution industrielle et pionnière de la métallurgie du zinc dans la province espagnole des Asturies. En 2022, dans Toujours l'eau, elle fait un ouvrage de mémoire des inondations de juillet 2021, sur des photographies de Françoise Deprez. Toujours en 2022 dans La Fin des abeilles (éds. Gallimard), elle donne la parole à une narratrice face au placement de sa mère vieillissante en maison de retraite – un exil bientôt doublé d'un confinement en chambre dû à la pandémie de Covid-19.
Org. Passa Porta
Photo : Caroline Lamarche © Francis Leboutte
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