Rencontre avec Vladimir Sorokine

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« Un écrivain russe a deux options : soit il a peur, soit il écrit. » Vladimir Sorokin écrit, et ce depuis des décennies, à contre-courant de tous les courants politiques et littéraires.
Certes, les visionnaires sont rarement embrassés par le pouvoir. Mais l’anti-gloire dont Vladimir Sorokin est la cible est encore d'un autre ordre. Profondément offusqués d'une scène de sexe explicite entre des clones de Staline et de Khrouchtchev dans Le Lard bleu (éds. de l’Olivier), des membres de mouvements de jeunesse poutinistes ont placé une sculpture géante de toilettes devant le théâtre du Bolchoï de Moscou afin d’y jeter des centaines d'exemplaires du roman en question.
Reste que Sorokin est porté aux nues par d’autres. Son œuvre - aussi provocante et scandaleuse soit-elle - a connu un regain d'intérêt ces dernières années et est passée en librairie au rayon des « classiques modernes ».
Dans Journée d'un opritchnik (éds. Points), il imagine qu’en 2028, la Russie est gouvernée par une oligarchie sanguinaire, mélange des traditions de la sainte Russie et de dictature policière moderne. Au sommet règne l'opritchina équipée de moyens technologiques ultrasophistiqués. Les opritchniks sont les nouveaux maîtres de ce pays. Parmi eux, Komiaga, dont Sorokin déroule une journée ordinaire, rythmée par ses missions et ses rituels. Un roman prophétique de 2006, dans lequel l’écrivain annonce déjà une censure stricte et l'annexion de la Crimée…
Avec Telluria (éds. Actes Sud), il fait un roman dystopique mettant en scène un empire eurasiatique instauré au cours du nouveau Moyen Age. Des centaures et autres créatures horrifiques peuplent la nature, l'insécurité règne partout, et chacun cherche à se rendre en république de Tellurie afin d'acquérir le tellure, métal capable de procurer le bonheur. Les critiques n’ont pas tari d'éloges à la sortie du livre, le comparant avec les œuvres de Michel Houellebecq et William S. Burroughs.
Journaliste à Knack, Jeroen Zuallaert, s'entretient avec Vladimir Sorokin de son œuvre indisciplinée et visionnaire. Une rencontre rare, avec un exilé qui voyage rarement.
À propos de l'auteur
Vladimir Sorokine (1955) est l'un des écrivains russes contemporains les plus populaires, lu en Russie mais aussi à l'étranger. L’œuvre de ce provocateur invétéré a été traduite en 22 langues. En 2001, il a reçu le prestigieux prix Andrey-Bely pour ses contributions à la langue russe. Il a été nommé Chevalier des Arts et des Lettres. Il vit en exil depuis que son œuvre a été présélectionnée pour le Russian Booker Prize.
À propos du modérateur
Jeroen Zuallaert (1986) a étudié les langues et littératures slaves à l'université de Gand. Il écrit pour l'hebdomadaire belge Knack depuis 2011.
N'oubliez pas l'heure d'été. Le dimanche 26 mars, l'heure changera de 2:00 à 3:00.
ORG. Passa Porta
photo © Maria Sorokina
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